Jeune homme désireux de se donner corps et âme pour parvenir au bien-être de sa communauté, Colin Champagne a vite constaté, dès sa première année universitaire à l'automne 2011, qu'il n'était pas fait pour le programme en génie. « J'ai vite compris que je ne voulais pas devenir ingénieur », s'exclame-t-il.
Soucieux de comprendre le monde dans lequel on vit, celui-ci a pris la décision de changer de programme et de bifurquer vers les sciences politiques. « J'étais intéressé par le pays et par l'organisation de la société, alors les sciences politiques, ça m'intéressait beaucoup plus », explique le Franco-Albertain.
La Francophonie, une fierté personnelle
Originaire de Saint-Paul et fils de parents francophones, Colin a toujours ressenti l'importance de la langue française dans sa vie. « Mes parents et mes grands-parents m'ont appris la valeur de la Francophonie », raconte-t-il.
Il est donc naturel de constater que le jeune homme a été très engagé, que ce soit à l'ACFA régionale de Saint-Paul, à Francophonie jeunesse de l'Alberta (FJA), pendant cinq ans, ou encore à titre de représentant élu par ses pairs, pour siéger au Students' Union, et ce, pendant quatre ans. Colin a aussi été président de l'Association des universitaires de la Faculté Saint-Jean (AUFSJ), l'association des étudiants du CSJ, lors de l'année universitaire qui s'est terminée en avril 2016.
Dans tout ce cheminement personnel, l'un de ses plus grands moments de satisfaction est survenu au printemps 2015, alors qu'un groupe d'étudiants du CSJ a entrepris des démarches pour qu'une politique de services bilingues au sein l'Université de l'Alberta soit présentée, débattue et adoptée par les membres de Students' Union.
Colin Champagne explique que contrairement à l'Université d'Ottawa ou à celle de Moncton, l'Université de l'Alberta n'est pas bilingue, même si on compte la présence d'une composante francophone, en l'occurrence le Campus Saint-Jean. D'autant plus que pour certains programmes, il n'y a pas de prérequis en anglais. Cela implique donc que certains étudiants n'ont pas toujours le niveau d'anglais universitaire nécessaire pour fonctionner au quotidien. « C'est difficile quand ces gens-là veulent faire des demandes de bourses, ou seulement quand ils veulent communiquer avec l'Université de l'Alberta », déplore Colin.
Le désir d'une meilleure accessibilité linguistique pour tous à un niveau égal a porté ses fruits. Les efforts persistants ont mené à des résultats concrets : une politique a été adoptée pour qu'il y ait plus de services bilingues au sein de la Students' Union, incluant les services, les prix et les bourses. De plus, la politique assure que l'association étudiante prendra des mesures pour poursuivre des changements similaires au sein de l'administration de l'Université.
« C'est impossible d'être une top université canadienne sans offrir la formation dans les deux langues officielles du pays », juge Colin Champagne, rappelant du même coup le rôle unique que joue le Campus Saint-Jean au sein même de l'Université de l'Alberta.
Autre projet dont il est particulièrement fier est la modification de l'œuvre murale à la station de LRT Grandin. Cette peinture murale a été créée en 1990 en l'honneur du père Vital Grandin, un oblat en partie responsable de la présence européenne dans l'Ouest canadien. Toutefois, pour les communautés autochtones et métisses, cette création représentait un souvenir douloureux du colonialisme.
Étant donné que Francophonie jeunesse de l'Alberta (FJA) était commissionnaire de cette œuvre, les membres ont été inclus dans le processus de réconciliation. À ce moment-là, Colin Champagne était membre du conseil d'administration du FJA. « L'artiste (Sylvie Nadeau) qui avait créé la première murale et un artiste métis albertain (Aaron Paquette) ont collaboré pour améliorer la murale, sans pour autant l'effacer, puisque c'est quand même une partie de notre histoire », justifie Colin.
Ce dernier s'est dit touché de voir les membres des Premières Nations présents lors du dévoilement de la nouvelle œuvre, en mars 2014. « Tu ressentais que pour eux, il y avait vraiment un poids de moins sur leur cœur, comme un sentiment de liberté », s'émeut-il.
Une passion hors du commun
« Je l'avoue, je suis un gros nerd des simulations parlementaires », admet Colin Champagne.
Au total, il a participé à ce jour à une vingtaine de parlements jeunesse. Il a joué plusieurs rôles sur le cabinet du Parlement jeunesse de l'Alberta (PJA), où il a notamment été premier ministre en 2013, sur le cabinet du Parlement franco-canadien du Nord et de l'Ouest (PFCNO) et sur le cabinet du Parlement jeunesse pancanadien (PJP). Colin Champagne a aussi eu la chance d'être sur le comité organisateur de la Simulation parlementaire européenne Canada-Québec-Europe (SPECQUE) lorsque celle-ci s'était déroulée à Edmonton du 3 au 10 août 2014.
Passionné aussi de documentaires, ce cinéaste amateur s'est rendu cette année jusqu'aux demi-finales du concours Tremplin de l'Office national du film. « Mon idée, c'était de briser le stéréotype du jeune désengagé, et de rendre compte que beaucoup de jeunes décident de s'engager activement en politique », lance-t-il.
Il a donc décidé de lier ses deux passions : il a proposé un documentaire mettant en vedette un jeune d'Edmonton qui allait participer à sa première simulation parlementaire, celle du PFCNO. Aux dires du documentariste, cette simulation est intéressante en raison de la dynamique culturelle. « Pour certains, c'est la première fois qu'ils rencontrent des francophones qui ne viennent pas de leur propre coin. En voyant cela, ils réalisent qu'ils ne sont pas si différents », note Colin, qui a également produit des reportages ayant été diffusés à TFO.
Le CSJ : générateur de souvenirs
Dans ses temps libres, le jeune homme a aussi eu l'occasion de jouer pour l'équipe de hockey des Centurions. Lors de sa première année à Saint-Jean, il a même eu la chance de jouer à la première Classique Héritage, cette partie de hockey extérieure mettant aux prises les étudiants contre des anciens de l'établissement.
« Je pense que c'est un des plus beaux événements permettant de ramener les étudiants ensemble, en famille », dit Colin. Mais ce n'est pas qu'au sens figuré que Colin a pu jouer en famille! Son père est un ancien joueur de l'équipe du Campus, club jadis nommé Le Frontenac. « J'ai pu jouer contre mon père, et c'était très spécial », se remémore l'étudiant.
Aujourd'hui, Colin Champagne a de quoi être fier de ce qu'il a accompli. Plein d'idées et de rêves, ce jeune à l'avenir prometteur a encore bien des exploits à réaliser. Qui sait, peut-être qu'une grande carrière cinématographique l'attend derrière l'une des nombreuses portes qui lui sont ouvertes ! Ce dont Colin Champagne a la certitude, c'est qu'il ne cessera jamais de travailler au sein de la communauté francophone et de constamment veiller à sa pérennité et à son effervescence.