Le Campus Saint-Jean évolue
Depuis près de 47 ans, la Faculté Saint-Jean, première faculté en langue française de l’Ouest du Canada, offre un enseignement postsecondaire multidisciplinaire de qualité qui assure la pérennité et le dynamisme des communautés d’expression française de l’Alberta et de l’Ouest canadien.
Une francophonie croissante et dynamique
Au cœur de la communauté francophone de l’Alberta depuis sa création par l’ordre religieux des missionnaires Oblats de Marie Immaculée en 1908, l’institution Saint-Jean n’a cessé d’évoluer. Aujourd’hui, près de 630 personnes y étudient l’éducation, les arts, les sciences, le génie, l’administration des affaires ou encore les sciences infirmières, dans un cadre inclusif et laïc, célébrant la diversité et l’unicité de la francophonie de Saint-Jean conformément à notre devise “unité, diversité, université”.
La croissance et le dynamisme de la communauté d’expression française de l’Ouest du Canada engendrent des changements importants, dont une demande pour toujours plus de talents francophones et bilingues à travers tout le Canada. De plus, la réalisation qu’être bilingue est un atout majeur dans l’obtention d’un emploi et dans l’évolution de carrière ne fait qu’accroître la pression sur le Campus Saint-Jean.
Dans le cadre de l’évolution du Campus Saint-Jean, il est prévu d’atteindre une population étudiante de plus de 1 500 personnes en présentiel au cours des prochaines années, une augmentation de plus de 140%, et agrandir son offre hybride ou comodal à Calgary, dans les régions de l'Alberta et au delà de la province.
L’innovation au coeur de l’évolution
L’évolution du Campus ne se limite pas au quantitatif — le Campus s’adapte de manière régulière aux nouvelles technologies. La salle de transformation numérique et pédagogique du Campus, inaugurée début 2019, offre un aperçu de la salle de classe de demain. La transition vers l’innovation de l’éducation à distance ou hybride, également lancée en 2019 a permis au Campus d’être prêt à affronter les défis de la pandémie de Covid-19, plusieurs membres du corps enseignant ayant déjà les compétences et les outils nécessaires pour offrir des cours en format numérique. L’évolution de l’innovation technologique continuera au cours des prochaines années avec notamment des projets axés sur la robotique pédagogique, ainsi que le lancement prochain d’un espace de création ainsi que des parties de programme universitaire et collégial, et de la formation continue en ligne.
Les espaces du Campus évoluent aussi. Grâce au soutien de partenaires du secteur des entreprises, nous compterons bientôt des espaces polyvalents hybrides communautaires qui permettront au monde associatif francophone de l’Alberta de bénéficier pleinement de la technologie du Campus. Des laboratoires ont également été créés, notamment le CROC LAB, le Centre de recherche sur le développement cognitif, et un laboratoire de pédagogie expérientielle sera également bientôt inauguré. Du côté de l’enseignement, trois nouvelles salles de classe ont été créées.
Cette transformation n’est qu’un début, et la forte hausse du nombre de personnes étudiantes ainsi que de membres du personnel enseignant et de soutien au cours des prochaines années nécessite de pouvoir utiliser tous les espaces du Campus. Plusieurs autres projets sont en attente d’approbation, mais auront comme but de créer un Campus Saint-Jean plus grand et plus moderne, offrant une expérience étudiante meilleure et plus accessible, et doté des meilleurs programmes et innovations technologiques au service de la communauté d’expression française de l’Ouest. Cette stratégie pluriannuelle compte sur plusieurs phases de financement provenant de tous les paliers de gouvernement.
Aussi, pour répondre à l’évolution de la demande technologique de ces développements, d’importants travaux de câblage, d’alimentation électrique et de ventilation se sont déroulés au cours de l’été 2023 dans tous les pavillons du Campus et dans tous ses principaux espaces.
L’utilisation de la Salle Onésime Dorval
La Salle Onésime Dorval, située au Pavillon Lacerte, a pendant longtemps été utilisée comme salle “historique” du Campus. Anciennement la chapelle de l’institution lorsque celle-ci était gérée par les Oblats, cette salle d’une capacité de 56 personnes était utilisée pour présenter des objets liés à l’histoire du Campus et pour afficher les portraits des diplômé·es du Campus lorsqu’il était sous administration oblate. Des panneaux retraçant l’histoire de l’institution y étaient présentés, ainsi qu’une frise murale montrant l’évolution de l’infrastructure.
Comme toutes les salles du Campus, la Salle Onésime Dorval a dû être partiellement rénovée pendant l’été 2023. Les principaux meubles et objets qui s’y trouvaient ont donc été retirés et entreposés dans des salles permettant leur préservation.
De plus, les travaux dans cette salle ont permis à l’administration du Campus Saint-Jean de se livrer à un exercice de réflexion sur la manière dont les objets étaient présentés. Plusieurs des objets et des panneaux étaient liés à l’histoire des Oblats de Marie immaculée et à leur présence en Alberta, mais étaient présentés sans aucun cadre pédagogique ou explicatif permettant au public de les situer dans un contexte historique et socioculturel plus large.
L’Université de l’Alberta, le Campus Saint-Jean et la décolonisation
L’Université de l’Alberta et le Campus Saint-Jean sont des institutions publiques, laïques et inclusives. Elles comptent notamment une population autochtone dynamique et active, parmi la population étudiante et les membres du personnel.
Le 13 juin 2023, tous les membres du personnel du Campus Saint-Jean, ainsi que tous les organismes communautaires francophones ont été conviés à une cérémonie du calumet afin de marquer le début officiel du parcours de réconciliation et de décolonisation du Campus, en consultation avec la Bent Arrow Traditional Healing Society.
Dans sa planification stratégique autochtone intitulée “Tresser le passé, le présent et le futur”, l’Université de l’Alberta appelle à créer des “espaces physiques et virtuels sûrs et accueillants pour les étudiant·es des Premières Nations, Inuits et Métis, les professeur·es, le personnel et les membres de la communauté.” Dans le cadre de son processus de décolonisation, l’existence d’une salle où l’histoire de la présence oblate en Alberta n’est pas présentée de manière pédagogique et objective, constituait un obstacle majeur dans le processus de réconciliation et de décolonisation entamé par le Campus. Plusieurs témoignages, notamment d’étudiantes et étudiants d’origine autochtone, ont souligné l’importance que tous les espaces du Campus doivent être inclusifs et sûrs.
Prenant cela en considération, ainsi que la nécessité d’utiliser tous les espaces du Campus à des fins éducatives et de recherche, l’Administration du Campus, en accord avec l’Association des Universitaires de la Faculté Saint-Jean (AUFSJ) représentant la voix de la population étudiante du Campus, et après consultation avec des responsables autochtones, francophones et de l’Université de l’Alberta, a décidé de travailler sur le meilleur moyen de représenter l’histoire du Campus et de la francophonie albertaine.
Représenter la grande communauté d’expression française
La communauté du Campus Saint-Jean est le reflet de la diversité de la francophonie mondiale. Aujourd’hui, le Campus accueille parmi sa population étudiante et son personnel des personnes venant des quatre coins de l’Alberta, du Canada et du monde. Notre communauté comprend aussi des personnes étudiantes et des membres du personnel d’origine autochtone. Nous devons présenter l’histoire de tous ces membres de notre communauté, sans évidemment oublier la présence historique francophone en Alberta, et notamment des Oblats, mais dans un cadre pédagogique et éducatif.
Protéger le patrimoine immatériel
S’il est souvent question du patrimoine historique franco-albertain physique, il demeure que le patrimoine immatériel franco-albertain doit aussi pouvoir être présenté dans nos institutions. C’est pourquoi le Campus est en contact avec des associations culturelles afin que ce patrimoine puisse être partagé dans le cadre du Campus Saint-Jean.
Chronologie du processus de décolonisation
31 août 2022: Assemblée générale du Campus Saint-Jean - présentation de la vision et des priorités de l’année, dont la planification de l’aménagement et rénovations de l’espace (événements interne)
25 septembre 2022: Brunch du Doyen - UofA Days - présentation de la vision inclusive du Campus
31 mars 2023: Congrès du Campus Saint-Jean sur l'Inclusivité - discussions sur comment s’assurer de l’inclusivité au Campus Saint-Jean, avec la présence de la communauté
Printemps 2023: Consultations avec des responsables communautaires et de l’Université sur l’aménagement de la Salle Onésime Dorval (Salle historique)
1er juin 2023: Début des travaux de câblage, de canalisation et de ventilation.
13 juin 2023: Cérémonie du Calumet - début officiel du parcours de réconciliation et de décolonisation, avec la présence de membres du personnel et de la communauté
Questions fréquemment posées
La Salle Onésime Dorval a dû être rénovée au cours de l’été 2023, et les meubles et objets qui s’y trouvaient ont dû être déplacés.
Aucun inventaire complet récent de la Salle Onésime Dorval n’existe, mais la Salle comprenait, hormis le mobilier récent:
- Trois autels en bois
- Des photos encadrées des classes de diplômé·es de l’institution sous administration oblate
- Une horloge ancienne
- Deux portes originales de l'institution
- Une statuette du Frère Antoine
- Une petite croix
- Deux petits bureaux anciens
- Une chaise ancienne de bois
- Une carte en bois gravé identifiant, autrefois par un mécanisme électrique, des municipalités francophones et bilingues de l’Ouest canadien
Aucun objet de la Salle Onésime Dorval n’a disparu.
Les autels ont été légués à une association culturelle où ils seront utilisés à des fins religieuses dans un cadre respectueux. Cette décision fut prise après consultation, au printemps 2023, auprès de responsables de la communauté d’expression française.
Tous les autres objets ont été entreposés en sécurité, sauf l’horloge qui demeure pour l’instant sur place.
Aucun objet n’a disparu ou n’a été détruit ou jeté.
Les principes de base d’inclusivité et de décolonisation s’opposent directement à la manière dont l’histoire de l’institution Saint-Jean était présentée dans cette salle, sans cadre pédagogique et notamment en ne mentionnant que très peu le rôle important que l’ordre des Oblats avait joué dans le génocide culture perpétré par les pensionnats autochtones. Pour rappel, les Oblats géraient la majorité des pensionnats autochtones catholiques au Canada, soit 48 sur 70.
L’institution Saint-Jean entretenait notamment des relations proches avec l’administration de plusieurs pensionnats autochtones. Plusieurs membres du personnel Oblat qui oeuvraient à Saint-Jean ont à un moment ou un autre travaillé dans un pensionnat autochtone. Il est donc important de procéder à un examen approfondi de la manière dont l’histoire de l’institution Saint-Jean est présentée afin de ne pas omettre des faits importants.
Il est également important de reconnaître que l’histoire des francophones en Alberta ne se résume pas à la présence des Oblats. La Salle Onésime Dorval ne contenait quasiment aucun objet autre que ceux directement liés à l’enseignement des Oblats. Outre quelques photos, il n’y avait aucun objet représentant d’autres activités sportives ou culturelles, notamment celles de la Chorale Saint-Jean.
Enfin, il est à noter que l’aménagement de la Salle datait d’avant les conclusions et les appels à l’action de la Commission de vérité et de réconciliation (CVR). Il était donc non seulement souhaitable mais absolument nécessaire de procéder à un exercice de réflexion. Celui-ci sera effectué une fois les rénovations du Campus Saint-Jean terminées, afin de d’éviter de déplacer constamment les objets et de risquer de les endommager.
Il est également prévu de numériser les photos des élèves et personnes étudiantes et de les rendre disponible en ligne à la communauté en général.
Il est clair que dans ce cadre, il n’y a aucun “effacement” ou “destruction” du patrimoine francophone de l’Alberta, et aucune opposition entre le processus de décolonisation et la préservation du patrimoine historique des francophones.
La francophonie de l’Alberta est une communauté vivante, plurielle et en constante transformation. Réduire son patrimoine historique à un petit nombre d’objets religieux ne reflète pas cette pluralité. Le Campus souhaite bien représenter la francophonie de l’Alberta et la diversité de son histoire, et travaillera avec tous les partenaires communautaires qui souhaitent s’associer à ce projet et cette vision inclusive.