« Je me souviens très bien de mes quatre années au Campus Saint-Jean. C'était une expérience unique», a lancé d'entrée de jeu la jeune femme.
Au cours de ces années au Campus, trois choses l'ont marquée : la persévérance, la communauté et l'importance du leadership. « Comme plusieurs d'entre vous, j'ai fait mes études élémentaires et secondaires dans une école d'immersion française. Mes parents ne parlent pas français. De plus, ce n'était pas cool de parler en français à l'école secondaire », affirme Mme Mageau.
Ayant déjà une volonté de faire son droit au terme de son premier baccalauréat, Justine Mageau réalise qu'il pourrait lui être encore plus difficile de bien réussir au CSJ, étant donné qu'elle devrait étudier en français. C'est lorsqu'elle a réalisé tous les avantages de fréquenter un établissement francophone qu'elle a finalement opté pour Saint-Jean. « Lors d'une présentation dans ma classe, on nous a mentionné que les classes sont plus petites, les professeurs sont sympathiques, et que de nombreux étudiants étaient aussi des francophiles », se remémore-t-elle.
Sa décision a été facilitée par le fait qu'elle voulait effectuer un baccalauréat en administration des affaires et qu'il y a un partenariat avec l'Alberta School of Business. « Je me suis dite que je ferais une première année au CSJ, et qu'une fois admise à la School of Business, je pourrais quitter la Fac et suivre des cours uniquement en anglais », souligne celle qui a fait son secondaire à l'école St. Francis Xavier.
Avec le recul, Justine Mageau reconnaît que ses premières semaines au CSJ n'ont pas été faciles.
« Ce qui était le plus difficile, c'était de parler à mes amis en français. De m'exprimer en français dans une situation sociale me semblait impossible. Je cherchais mes mots. Je ne pouvais exprimer mes émotions. Parfois, les gens ne me comprenaient pas. J'étais gênée quand je faisais des fautes de conjugaison ou quand j'utilisais des anglicismes », lance-t-elle.
Toutefois, la jeune femme n'est pas la seule à se trouver dans cette situation et plutôt que de se laisser abattre, elle cherche des solutions. « Mes amis vivaient la même chose. Nous avons donc décidé de créer les « mercredis-français ». Les mercredis, on se parlait toujours en français, peu importe la situation. Ce petit pas était nécessaire pour me mettre à l'aise. Quand on s'est tous forcé de parler en français, quand j'ai réalisé que je n'étais pas la seule personne à avoir de la difficulté, je me sentais moins gênée », confie-t-elle.
Désireuse de s'améliorer, elle met en place d'autres stratégies. « Quand je faisais mes lectures à la maison, je lisais à haute voix. J'avais besoin d'entendre ma voix et mon accent pour comprendre que je m'améliorais et pour me mettre à l'aise à parler en français en dehors de ma chambre », se rappelle-t-elle, soulignant qu'éventuellement, ses efforts ont été récompensés.
Cela l'a même amené à faire son droit en français. « Vers la fin de mon baccalauréat, j'ai décidé de poursuivre des études en droit. Je voulais le faire en anglais. Un jour, un ami m'a demandé pourquoi ? Je lui ai répondu que je n'étais pas capable de faire un baccalauréat en français. Il m'a regardé confus et me dit : mais qu'est que tu es en train de faire en ce moment et bien sûr que tu es capable d'en faire un deuxième. »
Cet échange la convainc de faire son droit en français à l'Université d'Ottawa. « Et aujourd'hui, je suis avocate. J'ai des clients francophones. Je suis la seule avocate à mon bureau qui parle français et c'est un atout qui me donne des avantages presque tous les jours. Je n'ai aucun regret d'avoir étudié en français. J'ai appris une deuxième langue, mais j'ai aussi appris la persévérance », confie celle qui est assermentée au Barreau de l'Alberta depuis 2012 et qui travaille au cabinet Witten LLP.
La communauté
La deuxième chose que Justine Mageau estime avoir apprise au Campus est l'importance de la communauté. « C'est quelque chose qui est difficile à décrire, mais c'est au Campus Saint-Jean que j'ai rencontré mon mari et mes meilleurs amis. J'ai même découvert lors de mes études que j'avais un cousin que je ne savais même pas qu'il existait, s'exclame-t-elle. Les amitiés qui se sont formées au Campus, elles le resteront pour toute ma vie. »
Pour Justine Mageau, il y a Saint-Jean, mais il y a aussi la communauté franco-albertaine et les différentes associations qui y gravitent. « C'est grâce à ces associations que j'ai rencontré mes amis, que j'ai découvert une passion pour la langue française. J'ai découvert des nouveaux films, la musique, les pièces de théâtre, sans oublier le Carnaval de Saint-Isidore. On développe tranquillement un sentiment d'appartenance envers cette communauté », affirme Me Mageau, qui est aujourd'hui impliquée notamment au conseil d'administration de l'Association des juristes d'expression française de l'Alberta (AJEFA).
Le leadership
La finissante de 2008 a invité les finissants de cette année à ne pas avoir peur de s'impliquer. « On ne peut pas laisser la tâche de bâtir nos communautés à quelqu'un d'autre. Il faut être des leaders dans nos communautés. Grâce au Campus Saint-Jean et vos études postsecondaires, vous avez appris la persévérance et l'importance de la communauté. Vous avez peut-être appris, je l'espère, que s'il y a un besoin dans la communauté, il faut le combler », croit-elle.
« C'est vrai que votre vie vient de changer et vous aurez peut-être moins de temps pour le bénévolat. Plusieurs d'entre vous allez commencer vos carrières sous peu. Ça va être difficile et complètement nouveau. Vous serez peut-être tenté d'abandonner vos activités communautaires ou votre bénévolat. Mais souvenez-vous pourquoi vous avez persévéré au Campus. C'est parce que vous avez travaillé fort et vous avez eu l'appui de votre communauté », mentionne Justine Mageau.
Comme avocate en début de carrière, il serait facile pour Me Mageau de ne pas s'impliquer : « Oui ce serait plus facile de ne pas faire du bénévolat, du pro-bono, ou de siéger au conseil d'administration de l'AJEFA. Mais si je ne fais pas ces choses, qui suis-je? Que ce soit de faire du yoga, de chanter dans la chorale ou de faire du sport, ne laissez pas ce que vous tenez à cœur tomber à l'eau à cause de vos ambitions professionnelles. Trouver un équilibre. »
Cette dernière rappelle que la communauté n'existerait pas sans la participation des individus, le bénévolat et la revendication. « Alors, participez aux activités. Soyez bénévole. Revendiquez vos droits. Et surtout, continuez à parler en français », conclut-elle.
Au cours de ces années au Campus, trois choses l'ont marquée : la persévérance, la communauté et l'importance du leadership. « Comme plusieurs d'entre vous, j'ai fait mes études élémentaires et secondaires dans une école d'immersion française. Mes parents ne parlent pas français. De plus, ce n'était pas cool de parler en français à l'école secondaire », affirme Mme Mageau.
Ayant déjà une volonté de faire son droit au terme de son premier baccalauréat, Justine Mageau réalise qu'il pourrait lui être encore plus difficile de bien réussir au CSJ, étant donné qu'elle devrait étudier en français. C'est lorsqu'elle a réalisé tous les avantages de fréquenter un établissement francophone qu'elle a finalement opté pour Saint-Jean. « Lors d'une présentation dans ma classe, on nous a mentionné que les classes sont plus petites, les professeurs sont sympathiques, et que de nombreux étudiants étaient aussi des francophiles », se remémore-t-elle.
Sa décision a été facilitée par le fait qu'elle voulait effectuer un baccalauréat en administration des affaires et qu'il y a un partenariat avec l'Alberta School of Business. « Je me suis dite que je ferais une première année au CSJ, et qu'une fois admise à la School of Business, je pourrais quitter la Fac et suivre des cours uniquement en anglais », souligne celle qui a fait son secondaire à l'école St. Francis Xavier.
Avec le recul, Justine Mageau reconnaît que ses premières semaines au CSJ n'ont pas été faciles.
« Ce qui était le plus difficile, c'était de parler à mes amis en français. De m'exprimer en français dans une situation sociale me semblait impossible. Je cherchais mes mots. Je ne pouvais exprimer mes émotions. Parfois, les gens ne me comprenaient pas. J'étais gênée quand je faisais des fautes de conjugaison ou quand j'utilisais des anglicismes », lance-t-elle.
Toutefois, la jeune femme n'est pas la seule à se trouver dans cette situation et plutôt que de se laisser abattre, elle cherche des solutions. « Mes amis vivaient la même chose. Nous avons donc décidé de créer les « mercredis-français ». Les mercredis, on se parlait toujours en français, peu importe la situation. Ce petit pas était nécessaire pour me mettre à l'aise. Quand on s'est tous forcé de parler en français, quand j'ai réalisé que je n'étais pas la seule personne à avoir de la difficulté, je me sentais moins gênée », confie-t-elle.
Désireuse de s'améliorer, elle met en place d'autres stratégies. « Quand je faisais mes lectures à la maison, je lisais à haute voix. J'avais besoin d'entendre ma voix et mon accent pour comprendre que je m'améliorais et pour me mettre à l'aise à parler en français en dehors de ma chambre », se rappelle-t-elle, soulignant qu'éventuellement, ses efforts ont été récompensés.
Cela l'a même amené à faire son droit en français. « Vers la fin de mon baccalauréat, j'ai décidé de poursuivre des études en droit. Je voulais le faire en anglais. Un jour, un ami m'a demandé pourquoi ? Je lui ai répondu que je n'étais pas capable de faire un baccalauréat en français. Il m'a regardé confus et me dit : mais qu'est que tu es en train de faire en ce moment et bien sûr que tu es capable d'en faire un deuxième. »
Cet échange la convainc de faire son droit en français à l'Université d'Ottawa. « Et aujourd'hui, je suis avocate. J'ai des clients francophones. Je suis la seule avocate à mon bureau qui parle français et c'est un atout qui me donne des avantages presque tous les jours. Je n'ai aucun regret d'avoir étudié en français. J'ai appris une deuxième langue, mais j'ai aussi appris la persévérance », confie celle qui est assermentée au Barreau de l'Alberta depuis 2012 et qui travaille au cabinet Witten LLP.
La communauté
La deuxième chose que Justine Mageau estime avoir apprise au Campus est l'importance de la communauté. « C'est quelque chose qui est difficile à décrire, mais c'est au Campus Saint-Jean que j'ai rencontré mon mari et mes meilleurs amis. J'ai même découvert lors de mes études que j'avais un cousin que je ne savais même pas qu'il existait, s'exclame-t-elle. Les amitiés qui se sont formées au Campus, elles le resteront pour toute ma vie. »
Pour Justine Mageau, il y a Saint-Jean, mais il y a aussi la communauté franco-albertaine et les différentes associations qui y gravitent. « C'est grâce à ces associations que j'ai rencontré mes amis, que j'ai découvert une passion pour la langue française. J'ai découvert des nouveaux films, la musique, les pièces de théâtre, sans oublier le Carnaval de Saint-Isidore. On développe tranquillement un sentiment d'appartenance envers cette communauté », affirme Me Mageau, qui est aujourd'hui impliquée notamment au conseil d'administration de l'Association des juristes d'expression française de l'Alberta (AJEFA).
Le leadership
La finissante de 2008 a invité les finissants de cette année à ne pas avoir peur de s'impliquer. « On ne peut pas laisser la tâche de bâtir nos communautés à quelqu'un d'autre. Il faut être des leaders dans nos communautés. Grâce au Campus Saint-Jean et vos études postsecondaires, vous avez appris la persévérance et l'importance de la communauté. Vous avez peut-être appris, je l'espère, que s'il y a un besoin dans la communauté, il faut le combler », croit-elle.
« C'est vrai que votre vie vient de changer et vous aurez peut-être moins de temps pour le bénévolat. Plusieurs d'entre vous allez commencer vos carrières sous peu. Ça va être difficile et complètement nouveau. Vous serez peut-être tenté d'abandonner vos activités communautaires ou votre bénévolat. Mais souvenez-vous pourquoi vous avez persévéré au Campus. C'est parce que vous avez travaillé fort et vous avez eu l'appui de votre communauté », mentionne Justine Mageau.
Comme avocate en début de carrière, il serait facile pour Me Mageau de ne pas s'impliquer : « Oui ce serait plus facile de ne pas faire du bénévolat, du pro-bono, ou de siéger au conseil d'administration de l'AJEFA. Mais si je ne fais pas ces choses, qui suis-je? Que ce soit de faire du yoga, de chanter dans la chorale ou de faire du sport, ne laissez pas ce que vous tenez à cœur tomber à l'eau à cause de vos ambitions professionnelles. Trouver un équilibre. »
Cette dernière rappelle que la communauté n'existerait pas sans la participation des individus, le bénévolat et la revendication. « Alors, participez aux activités. Soyez bénévole. Revendiquez vos droits. Et surtout, continuez à parler en français », conclut-elle.