De Tamatave à Edmonton : ruée vers la réussite!

« Je suis partie de Madagascar et il faisait 25 degrés Celsius, et quand je suis descendue de l'avion, il en faisait -12 ». Ce changement de climat draconien a été la première transition que l'étudiante internationale Jessica Roland a dû surmonter en venant habiter en Alberta.

Émilie Pelletier - 3 juin 2016

Arrivée au Canada en 2013, c'est au Campus Saint-Jean que Jessica s'est inscrite afin d'y entreprendre des études universitaires en arts. L'étudiante ne s'en cache pas, cette première année a été pour le moins difficile. Elle avoue s'être sentie perdue au Campus, qu'elle trouvait un peu intimidant.

« Au début, j'ai trouvé que c'était un peu difficile. Je quittais mon pays, j'étais seule », relate Jessica. « Tu viens d'un système différent », ajoute la jeune femme.

Ceci a rendu son adaptation difficile et elle n'a pas su à quelle porte aller cogner afin d'obtenir l'appui nécessaire au cours de cette première année. C'est plutôt lorsqu'elle s'est présentée au Centre collégial de l'Alberta (CCA) au cours de l'année universitaire 2014-2015 qu'elle a senti une différence marquante. « Je me suis rendue compte que je passais devant leurs bureaux tous les jours, sans le savoir! », s'exclame-t-elle.

Jessica précise que c'est sur Facebook qu'elle a découvert l'existence du CCA. « On m'a accueillie avec un grand sourire. Pour la première fois, on a prêté attention à mon parcours et à ce que j'aimerais devenir (…) J'ai ensuite fait ma demande, et voilà, j'étais inscrite », explique Jessica, visiblement satisfaite de son choix.

Le CCA offre depuis septembre 2014 le programme de Techniques en administration des affaires. Programme de deux ans, la TAA offre une première année dite préparatoire, au cours de laquelle les étudiants sont dirigés pas à pas vers la spécialisation qui les passionne. Ceux-ci se voient suggérer un choix de cinq spécialisations pour la deuxième année, soit le marketing, la comptabilité, les finances, les ressources humaines ou la gestion.

En septembre 2015, Jessica Roland en donc entamé le programme TAA et déjà, elle sait quelle spécialisation l'attend pour sa deuxième année. « Moi, ce qui m'intéresse, ce sont les ressources humaines. Dès que je leur ai dit, ils m'ont bien dirigée », indique l'étudiante originaire de la province de Tamatave, située sur l'île de Madagascar.

Un personnel dévoué

Habitant Edmonton depuis maintenant trois ans, Jessica a de quoi être fière de tout ce qu'elle a pu accomplir au cours de son passage au CSJ. Jessica a réussi à atteindre un maximum de moyenne pondérée, avec trois A+ lors de son premier semestre, en plus de deux A+ et de deux A lors de son deuxième semestre. Selon ses dires, la passion du personnel enseignant y est pour beaucoup. « Ils sont toujours là pour répondre aux questions, les cours sont clairs, précis et pertinents », louange Jessica.

En tant qu'étudiante internationale, Jessica n'a toutefois pas le droit de faire une demande pour certaines bourses d'études octroyées aux étudiants canadiens. De plus, elle doit débourser trois fois plus pour ses études que les autres élèves nés au Canada. Or, les enseignants sont conscients de cette situation, et Jessica leur en est reconnaissante. « Ils nous ont dit que si on réussissait à atteindre un minimum de 3,2 pour notre moyenne pondérée, on recevrait 1000 $ », avance-t-elle. « Donc ça m'a motivée, j'ai déployé les efforts nécessaires et j'y suis arrivée », ajoute-t-elle fièrement.

À cette bourse, s'est ajoutée une bourse d'entrée de 1000 $. Deux bourses qui sont les bienvenues puisque les frais d'inscription pour un étudiant international s'élèvent à plus de 1000 $ par cours (plus les frais afférents), comparativement à 280 $ pour un étudiant dit « domestique », soit Canadien ou résident permanent.

Les étudiants internationaux font aussi face à d'autres défis reliés au marché du travail. En effet, au printemps 2016, lorsque Jessica Roland a décidé de faire une demande de stage, elle a appris que les organismes qui reçoivent des subventions du gouvernement afin d'ouvrir des postes disponibles aux étudiants ne peuvent pas retenir des étudiants internationaux.

« À mon avis, c'est injuste, parce que ce n'est pas comme si on ne participait pas à l'économie canadienne. On paie des taxes, on consomme localement, bref, c'est une grande barrière pour nous », déplore-t-elle. « C'est un grand défi qu'on a devant nous, mais on ne perd pas espoir », note l'étudiante puisque les entreprises privées ne sont pas tenues de suivre les mêmes directives.

Pourquoi l'Alberta?

Avec le français comme langue maternelle, Jessica tenait mordicus à apprendre l'anglais. Le Campus Saint-Jean s'est révélé un choix judicieux dans son cas. Elle se réjouit donc de son choix de vivre dans une communauté où règne l'anglais, mais qui demeure tout de même un milieu florissant pour la francophonie.

« Montréal aurait été un choix intéressant pour moi, mais d'un autre côté, j'avais vraiment besoin de cette expérience anglophone, d'autant plus que le taux de chômage au Québec est plus élevé », soulève l'étudiante.

Une carrière permettant de créer des opportunités au Canada, tout en se donnant le choix de reprendre le flambeau de l'entreprise familiale, voilà ce qui a convaincu Jessica de choisir le domaine des ressources humaines au Centre collégial de l'Alberta. « Qui sait, peut-être qu'un jour, l'envie de retourner à Madagascar pour reprendre l'entreprise familiale me prendra », fait valoir cette étudiante du Campus, heureuse de sa formation.