Comme le présente l'OMS (Organisation mondiale de la santé), le paludisme est dû à des parasites du genre Plasmodium transmis à l'homme par des piqûres de moustiques Anopheles femelles infectés, appelés «vecteurs du paludisme». Il existe six types espèces de parasite responsables du paludisme. Le Plasmodium falciparum et le Plasmodium vivax sont les plus dangereux.
Selon les données de l'OMS, environ 3,2 milliards de personnes - soit près de la moitié de la population mondiale - sont exposées au paludisme. « Cette maladie sévie principalement en Afrique subsaharienne, mais on en retrouve aussi en Amérique latine et dans certaines régions de l'Asie. En 2013, 283 millions de personnes exposées en ont été malades et 584 000 décès ont été répertoriés », souligne Mme Gnidehou, rappelant que les femmes enceintes et les enfants de moins de 5 ans étaient les plus à risques.
En effet, chaque année plus de 125 millions de grossesses sont exposées aux infections palustres. « Ces infections provoquent chez la mère une anémie, une infection du placentaire et la présence de parasite chez le nouveau-né », présente Sedami Gnidehou. Cette dernière soutient que les femmes sont plus sensibles au paludisme au cours de leur première grossesse. « La susceptibilité palustre diminue chez les femmes avec le nombre de grossesses », lance-t-elle.
VAR2CSA: candidat vaccin prometteur
Au fil des années, un vaccin prometteur a été identifié, il s'agit du VAR2CSA. Toutefois, une des faiblesses du VAR2CSA est que c'est une grosse protéine de 350 kDa (kilodalton) et il est difficile de préparer un vaccin avec une protéine si volumineuse. « Avec un de mes collègues français de l'Université Paris Descartes, nous avons démontré que la région N-terminale du VAR2CSA est aussi fonctionnelle que la protéine entière. Ainsi donc, nous avons montré que les anticorps dirigés contre cette région sont capable de bloquer l'adhésion des parasites au récepteur placentaire de la même manière que la protéine entière. Ces résultats ont fait l'objet d'un dépôt de brevet. Ce qui me réjouit est qu'une portion de la région que nous avons identifiée est aujourd'hui en phase 1 d'essai clinique », avance Sedami Gnidehou.
Étude comparative
La présence du paludisme en Colombie et l'absence des conséquences majeures du paludisme chez les femmes enceintes Colombiennes ont été à l'origine d'une étude comparative entre ce pays d'Amérique latine et le Bénin, pays d'Afrique de l'Ouest où sévit le paludisme.
« Contre toute attente, nous avons trouvé des taux d'anticorps élevés du VAR2CSA chez les primigestes et multigestes colombiennes . « Faits intéressants, contrairement aux hommes et aux enfants béninois, les anticorps dirigés contre le VAR2CSA ont été identifiés chez les hommes et les enfants colombiens. De plus, ces anticorps sont capables de bloquer l'adhésion des parasites au récepteur placentaire », indique Mme Gnidehou.
Ces constats amènent la professeure adjointe en biologie à entrevoir une lumière au bout du tunnel. « On fait des avancées, ce qui est prometteur, mais cela nous devons garder en mémoire que la science, parfois, peut aller lentement ». Par contre, nous savons au jour d'aujourd'hui que le paludisme au cours de la grossesse est un réel problème de santé publique et que le VAR2CSA est un candidat vaccin prometteur contre le Paludisme à Plasmodium falciparum associé à la grossesse. Aussi, contrairement aux données obtenues à partir d'études menées en Afrique subsaharienne, les hommes et les enfants colombiens ont des anticorps fonctionnels dirigés contre le VAR2CSA », résume-t-elle.
Les travaux de la professeure adjointe de biologie se poursuivent puisqu'elle a récemment été récipiendaire de la bourse canadienne des étoiles montantes en santé mondiale (Grands Défis Canada) pour son projet Un vaccin de grossesse sympathique : comment les anticorps des hommes peuvent protéger les femmes enceintes contre le paludisme.