Après quatre années et un Baccalauréat en sciences biologiques (avec mineur en sciences physiques) en poche, il entamera, dès septembre prochain, quatre années au Pacific University College of Optometry à Portland. « J'ai toujours su que je voulais travailler comme professionnel dans le domaine de la santé. Lorsque j'étais tout jeune, je devais avoir 3 ans, on se rendait visiter mon grand-père maternel à l'hôpital, dans le département d'oncologie, et je me rappelle qu'il s'amusait à m'appeler Dr Joe. Il a peut-être contribué à sa façon à m'inciter à travailler dans le domaine de la santé », se remémore Joël.
Puis, lorsqu'il était en 12e année à l'école Maurice-Lavallée, c'est à ce moment qu'il a su qu'il voulait se diriger en optométrie. Pour lui, obtenir un éventuel doctorat dans le domaine de la santé passait inévitablement par le Campus Saint-Jean. « C'était la première étape. Mes grands-parents Baillargeon se sont battus pour le droit à l'éducation en français en Alberta alors le Campus était un incontournable pour moi. Même comme Franco-Albertain, ce choix m'a permis de conserver ma langue, beaucoup plus que si j'avais fait un baccalauréat en anglais », avance Joël Baillargeon.
Direction les États-Unis
Le jeune homme a vite réalisé que n'entre pas qui le veut dans un programme d'optométrie. « Au Canada, il n'y a que l'Université de Waterloo qui offre le programme sans qu'il soit nécessaire d'avoir une maîtrise pour y entrer, mais il n'y a que 90 étudiants sur quelque 400 demandes qui sont acceptées chaque année. De ce nombre, il y a un quota d'une dizaine de candidatures de l'Alberta sont retenues et malheureusement, je n'ai pas été choisi », indique-t-il.
Chez nos voisins du Sud, Joël Baillargeon a eu plus de succès, alors que des universités à Chicago, Boston et Portland ont accepté sa demande, tandis que d'autres dans la région de New York l'ont aussi considéré. « En février dernier, j'ai quitté Edmonton pour une semaine afin de rendre dans les trois universités pour faire des entrevues. Lorsque je suis arrivé à Portland, qui était la première université que j'ai visitée, j'ai tout de suite su que je voulais venir ici. Cela ressemble beaucoup au Campus Saint-Jean. C'est une université plus petite et on retrouve cet esprit de famille auquel je suis habitué », confie l'étudiant.
Il doit son choix à un ancien du Campus, Travis Turgeon. « Il termine sa quatrième année cette année. C'est en échangeant avec lui qu'il m'a mis cette idée en tête de tenter le coup à Portland et je suis très heureux que cela ait fonctionné », lance le Franco-Albertain.
Tout comme à Waterloo, le programme est contingenté, mais la grande différence se retrouve au niveau des frais d'études qui seront de quelque 36 000 $ par année pendant quatre ans. « Je suis choyé en quelque sorte, non pas par les frais élevés, mais surtout par le fait que le gouvernement fédéral et celui de l'Alberta ont un bon programme de prêts et bourses pour les étudiants qui veulent devenir professionnel dans le domaine de la santé et qui doivent quitter le pays pour poursuivre leurs études étant donné qu'il s'agit de programmes très contingentés », estime Joël Baillargeon.
Une blessure qui a tout changé
Joël Baillargeon n'a même pas encore quitté Edmonton qu'il sait qu'il reviendra dans quatre ans. « Je veux revenir ici et ouvrir ma clinique dans le Quartier francophone, à La Cité francophone peut-être, s'exclame-t-il. Je veux redonner à une communauté qui m'a tant donné. Je pense notamment à la Fondation franco-albertaine qui m'a offert des bourses d'études. »
Ce dernier est présentement impliqué au sein de la Fédération du sport francophone de l'Alberta. Ironiquement, c'est le sport qui lui a permis de s'affirmer comme jeune leader. « Lors de mes deux premières années au Campus, je faisais partie de l'équipe de soccer des Golden Bears. Tout tournait autour de mes études, de mes entraînements à raison de deux heures par jour et des rencontres. Puis, lors de ma troisième année, j'ai subi une blessure majeure à mon genou, ce qui a mis un terme à ma carrière. C'est à ce moment-là que j'ai commencé à m'impliquer dans les différents clubs au Campus », indique celui qui a occupé au cours de la dernière année le poste de Vice-président académique de l'AUFSJ (association étudiante), en plus d'être président de REDS, le Regroupement des étudiants dans le domaine de la santé, et d'être un des sept ambassadeurs du CSJ pour des visites guidées ponctuelles.
Ce n'est pas en s'expatriant aux États-Unis pendant quatre ans qu'il abandonnera cette implication. « Je serai impliqué là-bas et j'aimerais bien trouver, si cela existe, un petit groupe de francophones. Puis, à mon retour, je compte m'impliquer encore. J'aimerais notamment être membre du comité consultatif du CSJ et même prendre un jour la présidence de l'Amicale Saint-Jean, l'association qui regroupe les anciens du Campus Saint-Jean. Cette association a été moins visible ces dernières années et il faut des membres engagés pour la stimuler et entreprendre des activités pour les anciens », avoue-t-il.
Le jeune homme se dit être un fier Franco-Albertain. « C'est à travers cette implication communautaire que l'on forge son identité. Le Campus Saint-Jean m'a réellement permis de réaliser comment il est important de s'impliquer pour que la francophonie en milieu minoritaire se maintienne et se développe, et ce, afin que la prochaine génération puisse en bénéficier », conclut-il.